Hors Jeu
2 avenue d’Iéna, 75016 Paris, FR
www.coree-culture.org
Commissaire de l’exposition : Sang_A Chun
Conception graphique : SHIN Yisang
Conception graphique : SHIN Yisang
Artistes
KWON Hyeoki, JO Joowon, KIM Bomi, JUNG Jina, HONG Bora, EOM Dohyeon, HA Yoomi, HONG Sungyeon, JEOUNG Insoo, JUNG Dajung, KIM Gihoon, KIM Heeyun, LEE Sung-A, PARK Hyejung, YOUN Guideog
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Cette fois, l’exposition « HORS-JEU » invite à sortir des sentiers battus à travers un regroupement d’œuvres individuelles, telle l’expression de talents à l’unisson invitant le public à la découverte et à l’interaction.
Cette exposition permettra au public français de mieux appréhender la vitalité et la diversité de la jeune création coréenne contemporaine en France.
Prenant pour point d’ancrage le jeu et son déploiement sur le terrain de l’exposition, cette 35e exposition de l’association des Jeunes Artistes Coréens est une proposition qui prend pour angle d’attaque l’œuvre collective. |
Seize artistes sont ainsi réunis pour « faire ensemble » : EOM Dohyeon, HA Yoomi, HONG Bora (photo), Hong Bora (vidéo), HONG Sungyeon, JEOUNG Insoo, JO Joowon, JUNG Dajung, KIM Bomi, JUNG Jina, KIM Heeyun, KIM Gihoon, KWON Hyeoki, LEE Sung-A, PARK Hyejung, YOUN Guideog. Les artistes ont travaillé selon une règle du jeu proposée consistant à faire une proposition commune à partir d’une chaise existante, mise, ainsi, « Hors jeu ». Symbole du quotidien, elle rend hommage à Joseph Kosuth et son œuvre One and Three Chairs de 1965, composée d’une chaise en bois, d’une photographie de cette chaise et d’un agrandissement photographique de la définition du mot “chaise” tel que dans le dictionnaire. |
Les travaux présentés mettent en avant la manière dont la structure-chaise conditionne le comportement humain. Chez Eom Dohyeon par exemple, le triptyque Chez moi, il y a trois chaises (2018) envisage une forme de mémoire du quotidien, à travers le portrait photographique de trois assises issues de l’univers domestique de l’artiste. Le triptyque illustre ainsi ce « levier logique grâce auquel un simple objet accède au rang d’œuvre d’art », l’acte d’identification artistique décrit par Arthur Danto dans son ouvrage La transfiguration du banal (1981). Cette idée d’un objet mémoriel est aussi présente dans le travail de Jung Jina, qui fait usage d’une chaise d’école coréenne, mémoire liée au quotidien également clé de voûte des projets de Kim Bomi et Ha Yoomi.
Chez Park Hyejung, la chaise est liée au souvenir de voyage et au déplacement. Enfin, la chaise figure comme représentation de l’artiste-même chez Jung Dajung et Jeong Insoo, deux artistes femmes présentes dans le corpus. De fait, on pourrait dire que l’exposition “Hors jeu” se visite, mais aussi se vit. Même si personne n’utilise les chaises dans le contexte proposé, on est dans un simulacre d’art participatif. L’exposition fonctionne comme un environnement ouvert, cherchant à associer le spectateur.
L’idée principale ici est celle d’une forme de ready-made introduisant un double fond dans la réception, autant que de la réflexion partagée autour d’un thème. Les visiteurs peuvent prendre part et, ce faisant, déplacer la question de la passivité sur le terrain de l’esthétique : que fait-on dans un centre d’art ? Dans son essai, Pourquoi travailler ? (2009), Liam Gillick définit l’artiste comme celui qui a « pris la décision spécifique d’agir dans une zone exceptionnelle ne produisant pas nécessairement quelque chose d’exceptionnel ». La chaise, objet du quotidien, n’est en pas moins métaphore : comment occuper l’espace, quelle est ma place dans la société, sans être hors « je » ? Quelle place pour la diaspora coréenne sur le territoire français ? Plus largement, comment trouver son assise au quotidien ? La chaise, structure de pouvoir, conditionne le corps autant qu’elle s’adapte à son confort. On retrouve la métaphore de l’intégration voire la fusion de la figure humaine dans l’espace de la ville, avec Kwon Hyeoki (Sans titre, 2018).
Ce même fantasme d’extension du corps dans son environnement est mis en forme dans son projet individuel en résine sur bois, Sans titre (2018). L’artiste, non sans rappeler des questionnements actuels liés à l’anthropocène, interroge un corps morcelé, au même titre qu’une identité.
Chez Kim Gihoon (Sans titre, 2018), l’espace dans la photographie est conçu comme « ouvert et fermé en même temps » par l’installation de différents points de vue, et par l’isolement des deux chaises dans l’image. L’artiste rend ici compte de l’incommodité de sa situation d’être étranger, de se positionner dans l’espace de l’autre. Dans un autre projet similaire, constitué de vêtements et fils de nylon, Kwon cherche à trouver la juste mesure de son corps (Sans titre, 2018). Trouver sa place aujourd’hui, comme artiste autant que citoyen ; comment occuper le terrain malgré les contraintes existantes ; « s’assoir » dans les deux sens du terme, voilà ce qui occupe cette aire de jeu proposée par l’AJAC. À nous, visiteurs, de créer notre propre situation de rencontre.
Agnès Violeau, mai 2018
Association des Jeunes Artistes Coréens
Numéro de dépôt : W75112992
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